ARGUENON CYCLOSPORT PLANCOET

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Récit de Renaud sur sa première place départementale

 

 

 

 

 

 

 

 

Souvenir au coin du feu de papi Renaud

 

C’était hier soir, un de ces crépuscule qui bouscule vos souvenir quand, gagné par la mélancolie attisée par le feu où le bois sec crépite, vos petits enfants emplis de la curiosité qui typique à leur âge vous taquinent sur votre temps révolu. Jouant dans ma vielle armoire blanche en bois compressé comme en en vendait tant dans les années 2000, il finirent par tomber dans ma collection de maillots cycliste. Parmi eux, un se distinguait, comme brillant encore de la gloire qu’il insufflait naturellement à son porteur.

« - papi vélo ( oui c’est le ridicule surnom dont m’affuble la descendance d’Arthur mon fils) c’est quoi ce maillot !!

-          Oh, celui-là, répondis-je, feignant de ne pas m’y intéresser.

Mais le phare qui pointait sur mes joues tachés, comme l’on les vieilles personnes de ma génération, trahissait l’excitation qui m’envahit alors à l’évocation de ce temps où mes jambes me portaient où je le voulais.

-          Allez papi raconte nous d’où il vient ce maillot, on dirait qu’il n est pas usé. »

 

Ah mes petits enfants sont sagaces. Ils ont de quoi tenir me direz vous. Enfin je dis ça en toute modestie.

 

-          Ok les enfants, c’est un maillot un peu spécial qu’on m’a donné après que j’ai gagné une course de vélo il y a maintenant 45 ans (je vous laisse calculer) »

Je me sers alors un grand verre d’eau gazéifiée. Je n’ai plus le droit à la bière depuis qu’Arthur, ce fils bienveillant mais bien chiant, me l’interdit avec la dureté d’un excès de tendresse pour son vieux père. D’ailleurs, je ne sais plus qui de nous deux est le père de l’autre maintenant.

Bon, je laisse ces considérations derrière moi et reprend ici même le récit trop flateur pour être vrai que j’ai compté à mes douces têtes blondes :

« -  Or donc, comme je vous l’ai souvent dit les petits, en ce temps oùla force de l’âge me laissait suffisamment de vigueur pour fesser votre père, énerver votre mamie, travailler un peu et …pédaler sur nos routes bretonnes, je me suis piqué de participer à des championnats locaux : « le championnat départemental». He oui, c’était avant que l’hiver permanent ne refroidisse le climat breton autrefois si tempéré, à l’époque, nous habitions Corseul, plus belle cité des Côtes d’Armor, division administrative aujourd’hui disparue. Entrainé comme jamais, ou plutôt jamais entrainé, je m’aligne au départ. Ne comptant que sur mon talent, ma classe et mon courage (éclat de rire des rejetons !!). Nous étions quelques-uns au pied du podium écrasés par le poids (symbolique s’entend ;)) de l’auguste commissaire fédéral (que je ne citerai pas).

-          Combien vous étiez ? Cette question m’agace

-          Plein te dis-je, les meilleurs étaient là tu penses bien. Gagner sans combattre, je ne serais pas venu si cela avait été trop facile à gagner (maintenant c’est vous qui riez, lecteurs, y-a plus de respect).

-          Combiens ? insistèrent ces chenapans qui sentaient la gène me gagner.

-          Nous étions neuf ! Mais les meilleurs, hein ! que du beau monde vous pouvez me croire !...et …on était quatre de ma catégorie… Mais c’est parce-que les autres, très nombreux, savaient qu’ils ne pouvaient pas gagner.

-          AAh ! un poil déconfit par ma tentative désespérée de valoriser l’adversité.

-          Bon, le temps était de la partie, et le circuit bien usant. Rendez-vous compte1.2km de montée à réaliser 19 fois, il fallait du courage pour se lancer dans l’aventure. Quelle courses mes enfants ! Dans le premier tour, j’ai réalisé quelques escarmouches afin de tester mes adversaires.

-          Mais pourquoi t’a fais ça papi !

-          Ca permet de voir qui est en confiance et qui est fort. Je me suis testé ainsi. Là j’ai su qu’il serait difficile de faire la différence tout seul.

-          Ah bon, ben et ta classe naturelle ?

-          Taisez vous malicieux et laissez moi finir ! Au but de 2 ou quatre tours (mes souvenirs se perdent comme la fumée du poêle, aux contours indécis, son odeur et son piquant n’en sont pas moins présents), un des favoris d’échappe, il ne fait pas parti de mes adversaires directs, c’est un première catégorie, suivi d’un de ses concurrents. Je les laisse filer car ce n’est pas eux que je surveille.

 

Ne dites pas à mes petits que c’est surtout parce-que je n’étais pas capable de les suivre.

 

-          Tout cela me convient car derrière, la poursuite s’organise mollement. Il n’y a plus qu’à faire tourner le groupe. Je sais que l’usure des organismes joue en ma faveur et que le sprint me sera favorable. Je relaie régulièrement plus que d’autres mais en prenant soin de ne pas prendre le vent dans la côte.

-          Oh papi, c’est pas bien de laisser faire le travail le plus dur aux autres

-          Taisez vous ignorants. J’ai fais le travail… mais en faisant attention de fatigués les coureurs qui aiment bien se fatiguer pour rien…

 

Ah ces gamins ne comprennent rien à l’art de mener une échappée. Je ne leur en veux pas il n’ont jamais fait de vélo. Il fait trop froid de nos jours

 

-          La course se passe. A quelques tours de la fin, je décide de tester mes camarades. Difficile pour moi de faire la différence et pas question de prendre du vent tout seul pour me faire reprendre par le groupe trois tour plus tard. Une seul peur m’habite, que deux adversaires partent ensemble, pas question de me faire surprendre. A chaque tour j’accélère à l’endroit le plus propice. S’il doit avoir une échappée mieux vaut que ce soit avec moi. Ainsi pas de surprise. Au dernier passage avant l’arrivée, je sais que j’ai course gagné : il suffit de surveiller mes compagnons pendant 2km et le sprint est pour moi. J’aborde la dernière montée en avant-dernière position. Celui que j’estime être le moins rapide derrière moi. Nous somme 6 dont 4 en troisième catégorie. Mon adversaire le plus véloce mène dans le vent en montant. S’il veut s’épuiser dans le vent, libre à lui ! Il ne me reste plus qu’un Lamballais et un Loudéaciens à battre. Vu les braquets qu’ils emmènent, ils ne vont pas beaucoup accélérer. En effet, lorsqu’un première catégorie accélère dans le virage le plus dur, mon Lamballais, aussi rouge qu’une tomate bien mur lâche un mètre … deux. Je le saute (ohhhhh, à quoi vous pensez là !!!!!!!). L’arrivée est à cent mètres. Nous avons vent de face. Je saute (vous êtes de grands malades L) le première catégorie et remporte le titre. La course n’est pas gagnée certes trois gars sont devant, mais le titre est à moi. La ligne franchie, une foule en délire se rue sur moi et me porte en triomphe. L’Equipe est là pour recueillir mes impressions. (ouais bon j’exagère un peu).

-          Whaouu, t’es trop fort papi.

-          Au final, le plus plaisant à sans doute été de boire un verre avec les copains vraiment contents pour moi. Plus que le titre, c’est la camaraderie qui a gagné ce jour là qui fera date dans l’histoire de l’humanité (emphatique moi ?... si peu). »

Voila à peu près comment, j’ai raconté il y à quelques jours la petite victoire qui m’avait mis du baume au cœur sans m’apparaitre, à l’époque, d’une quelconque importance. Pourtant, aujourd’hui, c’est un souvenir savoureux à raconter. Et je regrette ne pas avoir su me fabriquer, tout au long de ma vie des aventures plus goûtées encore. Pas pour moi, non, mais pour laisser à nos enfants  des souvenirs qui éclairent leurs imaginaires.

 

 



14/05/2018
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